Responsable d'environ 11 % des maladies nosocomiales, Pseudomonas Aeruginosa est une bactérie que l'on retrouve partout dans la nature. C'est une bactérie habituellement peu agressive mais qui peut devenir pathogène dans certaines conditions. Elle est alors difficile à endiguer car elle présente de nombreuses résistances. Toutes les infos dans notre article.
Pseudomonas aeruginosa : caractéristiques
Cette bactérie appartient à la famille de Pseudomonadaceae dont elle est la représente la plus connue.
Dans cette famille, il existe quelques critères caractéristiques communs :
- Ce sont des bactéries mises en évidence par la coloration Gram.
- Elles sont aérobies strictes c'est-à-dire qu'elles ont besoin d'oxygène pour vivre et se multiplier.
- Ce sont des bactéries que l'on trouve partout (ubiquitaires), vivant à l'air libre.
- Ces bactéries sont opportunistes c'est-à-dire qu'elles sont normalement présentes chez un individu et ne deviennent pathogènes qu'en cas d'un affaiblissement des défenses de l'organisme.
Pseudomonas aeruginosa possède également quelques caractéristiques qui lui sont propres :
- Il s'agit d'un bacille.
- C'est une bactérie mobile, pourvue d'un flagelle simple.
- Elle produit un pigment bleu/gris : la pyocyanine, qui lui donne parfois le nom de bacille pyocyanique.
- Ce bacille ne présente pas de spores.
- Il possède une forme droite, légèrement incurvée.
- Cette bactérie préfère les milieux humides et chauds.
- On la trouve au niveau de : la peau, l'appareil respiratoire supérieur, l'oreille externe et le tube digestif des individus sains.
- Elle peut être, dans certaines conditions, pathogène.
- Elle présente de nombreuses résistances aux antibiotiques ce qui en fait l'une des bactéries les plus difficiles à traiter.
Bon à savoir : elle fait partie des germes couramment recherchés lorsque l'on procède à une analyse microbiologique d'un échantillon d'eau. Par ailleurs, on pense qu'elle se renouvelle dans les hôpitaux via les fruits, plantes et légumes qui y entrent. Ce qui explique pourquoi fleurs et plantes vertes sont interdites sans les chambres d'hôpitaux.
Pseudomonas aeruginosa fait l'objet de nombreuses études au vu de sa potentielle virulence dans les maladies nosocomiales. Cela a permis de mettre en évidence qu'elle produit des exopolymères. Ceux-ci forment alors un biofilm. Celui-ci permet la communication entre bactéries et augmente leur résistance aux agressions extérieures. Par ailleurs, on a également mis en avant la production de toxines et plus récemment son action sur l'ADN qu'elle détruit puis dont elle provoque la réparation. Il reste cependant à comprendre les dysfonctionnements que cela peut engendrer.
Infections dues à Pseudomonas aeruginosa
Pseudomonas aeruginosa est un germe opportuniste : il est peu virulent chez les sujets en bonne santé mais peut être très pathogène chez les sujets immuno-déprimés, atteints de mucoviscidose ou ayant déjà reçu de multiples antibiothérapies.
En effet, Pseudomonas aeruginosa est particulièrement connue pour les maladies nosocomiales qu'elle peut générer. Elle peut facilement contaminer :
- le matériel hospitalier, médical ou chirurgical ;
- mais aussi les solutions antiseptiques, les solutés injectables, les produits médicamenteux ou cosmétiques.
Particulièrement résistante, elle survit dans des conditions très variées et sa résistance aux antibiotiques en fait une bactérie difficile à éradiquer.
Bon a savoir : d'ici 2050, dix millions de personnes supplémentaires pourraient décéder chaque année en raison des bactéries résistantes aux antibiotiques (soit plus que le cancer).
Quelles infections ?
On trouve de 2 à 10 % de porteurs sains de Pseudomonas aeruginosa. Par contre, ce chiffre peut atteindre entre 50 et 60 % chez les brûlés.
Si le taux de transmission du germe est relativement faible, une personne immuno-déprimée est plus à risque d'être infectée. De même que les personnes présentant des gammaglobulines (protéines intervenant dans l'immunité) abaissées, les personnes âgées ou celles présentant une pathologie : diabète, cancer, sida, mucoviscidose.
L'infection à Pseudomonas aeruginosa est souvent une infection d'origine nosocomiale. Pseudomonas aeruginosa devient pathogène lorsque l'organisme présente une rupture dans sa barrière de protection. Ce peut être : une plaie, une brûlure, une intubation, un cathéter, les suites d'une intervention chirurgicale, etc.
La pathogénie est la suivante : Pseudomonas aeruginosa se fixe puis on assiste à une invasion bactérienne qui envahit les tissus sous-jacents à la peau avant d'envahir la circulation sanguine pouvant alors entraîner une septicémie voire la mort. L'infection peut également rester plus localisée.
Conséquences
Pseudomonas aeruginosa est susceptible d'entraîner les affections suivantes :
- infection des poumons ;
- septicémie ;
- endocardite ;
- infection du système nerveux central ;
- infection du conduit auditif externe ;
- infections oculaires ;
- affection osseuse articulaire ;
- infection du tube digestif (essentiellement estomac et intestin) ;
- infection des voies urinaires ;
- infection de la peau et de la « chair » (particulièrement chez les brûlés).
Les symptômes sont en conséquence extrêmement variés et dépendent de la pathologie.
Bon à savoir : le taux de mortalité est très élevé : 50 à 70 % au cours des pneumopathies et de 30 à 50 % au cours des septicémies.
Traitement de Pseudomonas aeruginosa
Pseudomonas aeruginosa est une bactérie robuste, naturellement très résistante aux antibiotiques et s'adaptant rapidement aux attaques médicamenteuses. De ce fait, on n'utilise jamais une monothérapie d'emblée pour traiter une infection à Pseudomonas aeruginosa.
Il est recommandé de débuter une bithérapie (avec un aminoside, amikacine ou tobramycine), les principaux antibiotiques employés étant :
- la piperacilline,
- la ceftazidime,
- les aminoglycosides,
- les fluoroquinolones,
- les carbapénèmes (bêta-lactamines à n'utiliser qu'en dernier recours et à éviter chez un patient traité par un carbapénème dans le mois précédent).
Bon à savoir : les nouvelles recommandations de bonne pratique incitent désormais à privilégier les bêtalactamines et à diminuer la consommation de fluoroquinolones qui sont les antibiotiques les plus fortement associés à une augmentation du phénomène d'antibiorésistance.
En cas d’infection à P. aeruginosa avec des signes de gravité, une fois l’antibiogramme obtenu, une bithérapie n'est plus recommandée. Les modalités d'administration consistent à traiter avec une bêta-lactamine et à optimiser le traitement par :
- l’utilisation de posologies élevées ;
- l’administration par voie intraveineuse prolongée ou continue ;
- l’ajustement posologique en fonction des résultats des dosages plasmatiques.
Pourtant les taux de résistance combinés sont importants : 15 % des souches de Pseudomonas aeruginosa présentent des résistances combinées à au moins 3 classes et 5 % aux 5 classes (European center for Disease Prevention et Control).
Ainsi, Pseudomonas aeruginosa, quoique peu dangereuse pour un individu en bonne santé, peut représenter un réel danger pour les personnes immunodéprimées et/ou hospitalisées. À ce danger de contracter une infection s'ajoute la difficulté du traitement à mettre en œuvre du fait des nombreuses résistances aux antibiotiques. Néanmoins, la recherche met en évidence de nouvelles pistes de traitement en comprenant de mieux en mieux la bactérie et son mode de fonctionnement.
Pour aller plus loin :
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